1902

En 1902, Gaston Couté était aux " Quat'-z-Arts " où il avait remplacé Jehan Rictus.
Le patois beauceron avait donc pris la place de l'argot parisien. Mais le thème en restait le même : l'éternelle exploitation de l'homme par l'homme, clé de voûte du grand monument de la misère et de la souffrance humaines.

Dans l'été de la même année, en compagnie de Maurice Lucas, Couté faisait un court séjour au moulin de Clan. Leur principal passe-temps, quand ils ne s'attablaient pas dans les auberges, était la pêche. Couté était un excellent pêcheur. Mais les deux amis aimaient mieux être couchés dans l'herbe à discuter ou à déclamer quelques poèmes de leur cru. Ils mijotaient aussi les farces qu'ils pourraient faire à leur entourage et dans le patelin. Couté avait toujours été de première force à ce jeu.

Couté disait souvent qu'il n'était pas un poète beauceron, ainsi qu'on le désignait dans les milieux montmartrois, mais un poète solognot. Il affirmait que la Beauce commence seulement après les dernières vignes et les derniers bois.

Bois

Couté disait aussi, par boutade, que les curés et les instituteurs de la région étaient issus du phylloxera. Ce minuscule insecte venait d'apparaître et avait détruit toutes les vignes du pays. Les vignerons aisés, n'ayant plus besoin de leurs enfants pour les aider et constatant que les vignobles ne seraient plus rentables pendant de nombreuses années, envoyaient leurs fils à l'école ou au séminaire.

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