LA CUVÉE DU CIGALIER
"Après Vendanges" avec Claude Antonini, Bernard Gainier, Thierry Brossard, Jean Foulon, François Gerbel, Michel Monié, Vincent Viala On a coutume de représenter Gaston Couté en « poète paysan », c’est un raccourci facile. Il n’est sans doute pas plus paysan que vigneron, il n’a pas davantage touché au manchon de la charrue qu’au sécateur ! Mais il a su peindre avec talent les gens de la campagne, les petits comme les gros, les pauvres et les puissants, les gens de la moisson comme ceux de la vendange. Cependant, à la lecture de son oeuvre, on a le sentiment que, sur son chemin de traîneux, la vigne et le vin l’accompagnent de bien plus près que la terre et le blé. A la rudesse des mangeux d’terre , Couté préfèrera souvent la chimère des amis de la vigne. Pour lutter contre la faim qui le taraude, il privilégiera le jus de la treille : le blé reste pour lui synonyme de cupidité et d’avarice, de «l’avoir» qu’on ne partage pas, alors que le vin saura lui couper la soif, lui permettra de voir la vie meilleure, lui fera croire au «partage» sans lendemain et lui donnera l’illusion d’être à sa place dans une époque pas aussi belle qu’on le dit. Avec le vin, il essaiera vainement «d’aphysquer ses idé's rouges, ses idé's roug's et nouér's qui bougent dans sa caboch' de gueux et d' fou, de vouér tout en rose et crouér qu' si‘l a mal vu les choses c'est p'têt' pa’c’qu’il était pas saoul». Le vin sera le symbole de la fête, qui permet l’espace d’une cuite d’effacer la réalité. Et s’il reconnaît qu’il n’a pas le droit au pain, il réclame «le drouet à la chimère, la chimèr' douc' des saoulés d'vin». |
Tout au long de son bref
parcours, le thème du vin et de la vigne ne le lâchera pas et, même
dans la dernière année de sa vie, quand il confiera à la Guerre Sociale
sa chanson d’actualité hebdomadaire, il mettra en scène la révolte des
vignerons marnais de 1911, révolte des petits vignerons affamés par le
négoce et les gros manipulants qui importent du vin du sud pour
fabriquer leur vin : des maisons de champagne seront mises à sac dans
la vallée de la Marne, des vignes seront brûlées et l’armée
interviendra à Épernay et dans ses environs. Couté en fera plusieurs
textes d’actualité, dont le beau et violent «Ces choses-là». Couté a disparu depuis bientôt un siècle et pourtant… à Meung sur Loire, là où il a grandi, pousse encore une vigne, la dernière du coin. Et cette vigne donne un petit gris meunier dont la principale qualité est de mettre des moigneaux dans les coeurs. Celui qui la soigne, c’est Bernard Gainier, un gars qui, d’après ce que certains racontent, dit Couté «comme un prince». Mais c’est faux, Bernard Gainier, comme le rappelle Jacques Lambour, ne dit pas Couté, il «parle Couté»… Car le Couté est une langue qui se parle avec le coeur, qu’on apprend avec le coeur et qu’on comprend à Montmartre comme sur le bord des Mauves. Suffit d’avoir du cœur… Et dans l’entourage de ce vigneron peu commun se trouve une dame, la «Grande Claude», comme il dit, la «mal tournée», comme elle dit. Cette dame, qui depuis toujours met en musique et interprète les poètes «pas assez connus», c’est Claude Antonini. De sa voix grave, chaude et rebelle, elle en a chanté des inconnus, elle en a déniché des poésies rares, après Paol Keineg, Jean Dieudonné Garçon, sans oublier Armand Olivennes. Toujours en recherche, elle rencontre au cabaret du Pétrin, Vania Adriensens, apportant dans ses valises parisiennes sa passion pour Gaston Couté. C'est alors qu'a commencé pour elle une saga qui n'est pas près de se tarir avec cette «Cuvée du Cigalier» : elle revient encore à Couté… Divorce impossible ! Pour accompagner ces deux-là, des musiciens, des amis, des compagnons de chemin escarpé, Thierry Brossard et Vincent Viala, deux louches mélodistes, Jean Foulon, François Gerbel et Michel Monié, trois p’tits crèmes un peu blueseux ! Ils savent mettre sur les mots de Couté les notes qu’il faut, ils savent faire vivre la musique déjà présente dans les textes du poète, ils savent mettre leur swing, leur rythme et leur talent au service de son œuvre… Cette «Cuvée du Cigalier» a su prendre le soleil de l’été et doit se consommer sans modération… http://www.compagniedariane.com/ |
Réédition de MA FILLE A MAL TOURNE Contact : Compagnie d'Ariane, 5 allée du Clos Lemesle - 45000 Orléans tél : 02 38 86 66 91 Pochette de l'album Claude Antonini dresse des tréteaux partout où elle passe. En chantant les poètes, elle entrouvre les bras à ses frères humains. A mille lieux de l'emphase, elle renoue ainsi avec la grande tradition de la chanson française. "De ma jeunesse en Lorraine, j’ai surtout conservé des images et des odeurs : celles de la bergamote, de la prune... Je me souviens également des chansons que j’écoutais alors en cachette, sur le phono familial. De "Gare an gorille" par exemple... Plus tard, en Bretagne, je me suis- rendu compte combien la chanson avait joué un rôle déterminant dans ma perception du monde." La Bretagne à cette époque résonne des clameurs de Glenmor. Les musiques de Bob Dylan et de Joan Baez se mêlent aux sonorités celtiques d'Alain Cochevelou, futur Alan Stivell : " On pouvait se produire partout. La plus petite crêperie offrait un spectacle à ses clients ". Pour nombre de jeunes en mal d'identité, chanter devient un acte de survie (...) Dès son deuxième album, elle opte définitivement pour un chant partisan, hors des normes commerciales du show et du business, rappelant au passage avec Clément et Gaston Couté que certains chansonniers du XIXème siècle - qu'on n'appelait pas encore " auteurs interprètes ", - n'avaient rien à envier à leurs illustres confrères. Au début des années 1980, elle crée un spectacle autour de l’œuvre de Gaston Couté qui aboutira l'année suivante à la sortie d'un autre album : Ma fille a mal tourné. " J’ai eu beaucoup de mal à pénétrer l’univers de Couté, du moins à le restituer car il faut absolument assimiler un texte, avant de pouvoir le transmettre, transformé peut-être mais vivant à travers notre personnalité. Pour autant, je ne sais toujours pas comment je conçois un spectacle. A vrai dire, je fonctionne surtout à l’instinct. " Serge DILLAZ (extrait d'un article paru dans CHORUS) |
CLAUDE ANTONINI est une chanteuse qui dérange. Obstinément en quête du seul prestige qui vaille à nos yeux : exprimer la réalité tragique de ce temps. Son insolence, à ranger s'il vous plait parmi les vertus salutaires, la conduit à prendre dangereusement parti pour tout ce qui témoigne contre les réducteurs de têtes non conformes, contre l'architecture de toutes les prisons subtiles ou non, et toutes entreprises pourvoyeuses de la détresse. Claude ANTONINI est une chanteuse hors d'elle qui a choisi de s'armer de la poésie contemporaine et de nous faire don de ses armes, avec une belle générosité, celle des musiques qu'elle accorde aux poèmes qui ont su la rejoindre. Et ce sont le plus souvent des poèmes de combat. Claude ANTONINI est une chanteuse arc-boutée pour que passe jusqu'à nous la parole d'un poète. Et les mots, nos mots, nous reviennent qu'on nous avait volés. Nous les revivons en partage. (Gérard Cléry) "Elle chante la peine jamais finie et l'espérance toujours tenace des hommes et des femmes. ... Claude Antonini choisit Gaston Couté qui chante la dureté de la terre et des hommes, la douceur des femmes et des moulins de Beauce, à deux pas d'autres moulins de ceux de Montmartre. Portraits de Femmes, de la Julie Jolie à la Gommeuse Pudique, de la Fille du Meunier à l'Enfermée, Claude Antonini en dénonçant, en affirmant, poursuit sans fléchir, son chemin de fraternité, car elle croit finalement : "que les sentiers seront moins beaux que la vie et que les hommes auront la bonté du vin..." Demain! Pourquoi pas?" (Jean Couté) "Auteur compositeur, elle écrit également ses propres chansons qu'elle interprète d'une voix profonde et décidée, en femme qui ressent les êtres et les choses avec acuité, mais c'est encore dans l'interprétation qu'elle donne de Gaston Couté (mort au début de ce siècle) que transparaît le plus sa forte personnalité." ("Paroles et Musique") "Un chant de Cigale blessée"... Un disque qui nous révèle Claude Antonini dans la pleine maîtrise de son art, qui séduit, irrite, qui bouscule par le ton, le mordant, l'intonation, qui inquiète par la couleur du timbre, noir, mais jamais dénué d'humour. Claude fait ici sa révolution, l'amorce d'un vaste mouvement concentrique en dedans duquel s'affirme l'expression nouvelle d'une femme artiste. Allez dissocier l'une de l'autre ! Elle déjoue merveilleusement nos cartes, ni femme femme pour magazine, ni chanteuse star à Coquatrix...". (.B. "Le Pays") "Une sensibilité qui rayonne ; Claude Antonini va bien avec Gaston Couté ce sont des gens qui ont la même ambition, celle de dire, communiquer, témoigner à tout prix au nom de l'amour et et la liberté. Si Claude Antonini est encore si méconnue, c'est peut-être parce qu'elle suit de trop prés aux goûts de certains, les chemins de son cœur, de sa foi et de sa fierté." (J.P.G. "L'Est Républicain") "Claude Antonini chante dans le cadre d'un festival consacré à Gaston Couté, quelques unes des plus belles chansons du chansonnier rebelle." (L. Riaux "Les rendez-vous du Nouvel Observateur") |