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Daniel Delabesse est comédien,
au Théâtre de la Commune. Il travaille avec Didier Bezace et il joue Brecht ou Peter Weiss... Il rêve d'être un jour Alceste... Son site : Les ch'mins d'Couté daniel.delabesse@wanadoo.fr |
Il joue aussi... Gaston
Couté !
Quand on lui demande pourquoi Couté, il répond :
![]() | parce
que, un siècle après rien n'a changé, le monde oui, mais le coeur des
hommes, non! parce que, c'est toujours "les grous chiens qui mangent les ptits" parce que, l'on dit toujours par chez moi, "mieux vaut vivre en Sologne et avoir son héritage en Beauce" parce qu'il n'est dans aucune anthologie de poésie parce qu'il n'est pas seulement un chansonnier et un poète patoisant parce qu'il est le père de tous les Brassens parce que dans ses textes il y a du Georges Sand, du Balzac et du Zola parce que c'est un gâs qu'a mal tourné parce qu'il parle de nos grands-mères, de nos grands-pères... .de notre mémoire parce que je suis Solognot |
Les
Ch'mins d'Couté : Daniel Delabesse joue Gaston Couté Théâtre-Studio
d'Alfortville, dernière porte à droite avant Paris quand on vient de
l'est…Un ancien entrepôt à vin ! Vin rouge, y a pas de doute ! Un lieu idéal
pour Couté ! Pour dire ou chanter du Couté… Non, pour "jouer" du
Couté ! On parle souvent des "chanteux", des "diseux" de
Couté, on ne pense pas à un "théâtreux" de Couté, mais c'est
pourtant évident après le spectacle ! Savoir
"actualiser" la langue de Couté sans la dénaturer... Les propos de
Couté sont toujours vrais... et Daniel Delabesse joue Couté dans l'esprit Couté,
cher à Vania Adrien Sens ! Débordant de générosité, de révolte, de
tendresse et de poésie. Un grand moment ! De l'émotion, une petite larme de
temps en temps, des sourires aux coin des lèvres parfois, le poing qui se serre
très souvent ! Daniel dit voyager en faisant l'acteur, alors on le suit sur ses
ch'mins d' Couté. Des ch'mins de traverse. Daniel est de là-bas, il connaît
le soi-disant patois qu'utilisait Couté, mais il n'en abuse pas. Il ne demande
pas au spectateur de faire l'effort de se transporter un siècle en arrière, de
s'initier à une langue inconnue. Non, il ramène Couté à aujourd'hui, c'est
lui qui fait l'effort, c'est Gaston qui voyage et vient vers nous ! Il ne
francise pas la langue, il fait en sorte que lesnon-inities découvrent le gars
qu'a mal tourné sans en perdre la moitié ! Alors,
vont se succéder, "L'école" et les p'tiots matineux
de cet instit, grand malfaiseux devant la nature, les amours tristement débutants
de "l'Idylle des grands gars", avec une rose dans la
main qui se fane trop vite à cause du monde, ![]()
les noces tristes des femmes de paysans du "Foin qui presse"
... Et
puis, la "Toinon" ! Comment dire la Toinon en faisant
oublier la chanson qu'en a faite Gérard Pierron. Daniel campe un petit paysan
un peu amer de voir celle qu'il a aimée se donner pour quelques billets de
mille… et on n'a plus envie de chanter… Ça l' gêne de la voir riche et de
se voir si pauvre ! Le
"Champ de naviots" sera aussi magnifique avec cette
façon de balancer le "dans l' champ de naviots" à la fin de chaque
strophe comme une évidence... comme un aboutissement inévitable. On ira
tous…, pas au paradis, mais dans le champ de naviots ! Et puis, la vieille
"Enfermée", au visage immobile, dans le noir absolu
sauf le visage impassible de la vieille qui attend qu'on l'emporte… dans l'
champ d' naviots ! Les
"P'tits chats" sont aussi admirables, autant
qu'abominables ! Le petit paysan malin qui vient donner un p'tit conseil
"pratique" en passant... à cette pauvre fille au ventre enflée ! "Après
vendanges" où le traineux, le mauvais gars, le mal pensant, n'a même
plus droit à la chimère douce des saoulées de vin ! La fin approche, la mort
est imminente. Paris a bouffé le révolté… Le paysan, le jacques a perdu…
et il rentre au pays avec sa défaite ! Et c'est "Jour de
lessive"…, la valise pleine de ses déchirures, de ses blessures
mortelles et de ses "maman, maman", si difficiles à rendre, mais que
Daniel maîtrise sans tomber dans le drame, ni les pleurnicheries ! Et
pour finir, le "Cantique païen"... Daniel le dit très
classique, parce que… il faut bien le dire, Couté est aussi un grand poète…
et ce qui était à démontrer est démontré ! Ceux qui découvrent n'en
reviennent pas, mais ils y reviendront. Ceux qui connaissent y reviendront
aussi…
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