GERARD PIERRON


Contact : jean-pierre.pierron@wanadoo.fr
Tél :  02 41 42 73 54 - La Sécherie - 49460 - Montreuil Juigné.
Le site Gérard Pïerron : http://www.gerard-pierron.org/

à Ivryà Ivry
à Ivry

Chante vigne, Chante vin
Gérard Pierron le dimanche 5  décembre 1999
en concert au théâtre d'Ivry

 Bernard Meulien et Gérard Pierron à l'Albatros de Reims en 2004


 

Dans les années 70, Gérard Pierron fit paraître deux albums trente-trois tours :

- Le premier "Gérard Pierron chante Gaston Couté"
- Le second "La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" (en compagnie de Bernard Meulien)

Les musiques sont de Gérard Pierron.Les textes sont dits par Bernard Meulien et les chansons sont interprétées par Gérard Pierron (chant), Eddy Schaff (accordéon, claviers) et Paul André Maby (guitares).

On peut entendre
sur le premier album : Petit Poucet - Sur un air de reproche - La Toinon - Les mangeux d'terre - Saoul, mais logique - Le patois de chez nous - Grand' mère gâteau - La complainte des ramasseux d'morts - Les draps sèchent sur le foin - Les cailloux - La dernière bouteille -
sur le second album : Le gâs qu'a perdu l'esprit - Le foin qui presse - Le champ d'naviots - Après vendanges - La chanson du braconnier - Le fondeur de canons - L'Idylle des grands gâs... - La complainte des trois roses - Dimanche - Les p'tits chats - Cantique païen -

Ces albums sont aujourd'hui malheureusement introuvables, mais ne désespérons pas ! Vous pouvez ci-dessus entendre un extrait de chanson par Gérard Pierron "Les mangeux de terre" et un extrait de texte par Bernard Meulien "L'idylle des grands gâs" (Vous pouvez trouver  les textes dans le menu "Ses Oeuvres").Gérard Pierron

Sur la pochette de l'un des deux albums , on pouvait lire à propos de Gaston Couté, Gérard Pierron et Bernard Meulien :

Gaston COUTÉ né à Beaugency en 1880. Mort à Paris en ...

Léo Ferré gueule quelque part "la lumière ne se fait que sur les tombes". Même pas !
Le grand silence prolonge l'ignorance de la plupart des contemporains et il reste quelque phrase vague, l'étiquette que - dans le meilleur des cas - on colle avant de passer à autre chose. La formule réductrice. La formule formol. Le poète maudit. Le réfractaire. Couté la Révolte. Une révolte sur laquelle soit dit en passant personne n'a mis la main.

Le trajet importe bien sûr. Meung sur Loire, l'enfance et l'adolescence beauceronnes puis Paris et plus précisément Montmartre. Montmartre, ses poètes, Ses chansonniers, sa bohème du début du Siècle... Une époque. Une Société. Ses marginaux.

Gaston Couté vient de la terre. Avec cet univers de moulins morts, de foin qui presse, d'enfants qui "tiots matineux" prennent le droit chemin de l'école. Pour l'exprimer, le français le cas échéant et surtout ce véhicule méprisé des mots entendus, lorsque sa mère "fredonnait à mi voix une simple et vieille berceuse en patois".

Jehan Rictus, Bruant n'en finissent pas de se chicaner à propos d'argot, de langue populaire, de celle des gueux de Richepin.
La préoccupation est dans l'air.

Gaston Couté, lui, débarque avec son patois. Le "gâs" a déjà "mal tourné".
Une époque glisse sur une sensibilité ou la mord profondément. Lui crie avec ses mots.
Son terroir il ne le folklorise pas. Il ne botrelisera pas avant l'heure !
Regard dur, sans concession, il dit sa terre. Il dit les gens. L'âpreté du rapport des gens à leur terre. De leur rapports entre eux. Son parti, les humbles, les petits, les écrasés. Gaston Couté ne donne dans aucun panneau. Il y a des auges dans la sale pâtée desquelles il ne mettra jamais son nez.

Le Christ en croix aperçu du chemin a tout en bois. Sur le lit de foin des prairies les conscrits font aux femmes des petits qui perpétueront la race des brutes et des conscrits après avoir acquis à l'école la jugeote droite des bons citoyens.

Tout cela Couté le dit, le crie, l'écrit.
La dernière année de sa vie, il collabore régulièrement à la Guerre Sociale dans laquelle il publie sa chanson de la semaine. Il a 31 ans.
Nous sommes en 1911. Il meurt.
Sa Sainte Vierge à lui veille.
Il n'avait cessé de la chanter.
"Notre Dame des Sillons dont les anges sont des grillons, O Terre, je reviens vers toi ".

Depuis plusieurs années déjà, un comédien : Bernard Meulien et un musicien : Gérard Pierron tentent de percer le mur du silence qui emprisonne l'œuvre de Gaston Couté. Avec conviction et passion. Mais surtout avec amour.
Avec désintéressement aussi. Celui dont il faut faire preuve pour monter au mépris des impératifs de la mode - dans l'isolement et l'indifférence générale . un spectacle extrait de " La chanson d'un gâs qu'a mal tourné" et le promener pendant des mois en ville aussi bien qu'à la campagne... Désintéressement encore quand il s'agit de combler une lacune en s'associant à l'édition des œuvres complètes de Gaston Couté...
Ce disque n'est donc ni un point de départ ni un aboutissement mais plutôt une étape de cette entreprise de réhabilitation de Gaston Couté.

Bernard Meulien habite les poèmes de Couté comme seul le permet une longue intimité avec un auteur.
Il n'est pas seulement complice : il est Couté lui-même.
Gérard Pierron, pour sa part, a su inventer des musiques qui portent comme un courant le verbe de Gaston Couté. Paul André Maby et Eddy Schaff, les deux musiciens qui l'accompagnent ont retrouvé cette couleur propres aux musiques de rue qui sied parfaitement à l'œuvre de ce poète populaire.
La sobriété et la simplicité caractérisent l'interprétation de Bernard Meulien et Gérard Pierron. Mais aussi la force et la ferveur. Hantés par Couté, ils le restituent avec sensibilité, chaleur et émotion dans toute sa verdeur et sa vérité. Dans toute sa lucidité et son universalité.
Précieux témoignage d'une époque révolue que d'aucuns vécurent " Belle" mais dont beaucoup . même si la postérité tend à l'oublier . portèrent le fardeau comme on porte une croix.

C'était hier pense-t-on quand c'est aussi d'aujourd'hui qu'il s'agit.

Jacques ERWAN - Marc LEGRAS

Le samedi 18 mars 2000, Gérard Pierron retrouvait son compagnon d'âme Bernard Meulien au Limonaire... Retrouvez-les...

En 1990, l'éditeur Christian Pirot a publié "Gaston Couté, Les mangeux d' terre" avec un avant-propos de Gérard Pierron :

Aujourd'hui, nous avons occupé - mon ami Édouard Dupain et moi - des positions élevées. Nous avons travaillé sur le toit. Maintenant, nous nous réchaufTons près de la cheminée où se consument chevrons pourris et lattes. Le charpentier couvreur lit à haute voix un poème de Gaston Couté avec son accent morvandiau. Avec lui " L'école " devient " L'instruisou". J'adore. La radio parle de l'assassinat de Malik. De ce trop de cynisme, on n'en peut plus. Nous avons compris depuis belle lurette que les chants révolutionnaires ne marchent qu'à trois cents mètres par seconde. Et le chemin est long à parcourir, Édouard Dupain semble satisfait de sa lecture. Il n'est pas homme à s'emballer. L'emploi des superlatifs, c'est pas son truc. Il se gratte le dos avec l'extrémité de son mètre à ruban et dit tout simplement :
" C'est un fort ".
Je m'évade alors...

" Gaston, tu m'as fait gagner ma vie ces dernières années. Grâce à toi j'ai parcouru toute la France profonde et j'ai trouvé bien du chang'ment depuis ton passage. Mais tu sais, en 1989, il y a encore des p'tits vins qui se laissent boire... Tu aimeras celui de ton cadet de deux ans, Eugène Bizeau, le chansonnier de Véretz. C'est un p'tir blanc des côtes du Cher, très bien vers onze heures du matin ".

Bientôt l'Océane annonce de ses grands panneaux " Viaduc des Mauves ". Nous sommes en Beauce, à 136 kilomètres de Paris, un peu avant Meung-sur-Loire. Le moulin de Clan où Gaston Couté passa son enfance avant 1900 est bien là debout... tout frais recrépi. Ami automobiliste, quand tu auras franchi les Mauves, ces petits ruisseaux aux bords desquels flânait un gamin-poète, lève ton chapeau !
Le chemin que tu viens de faire à 140 à l'heure, il l'a fait à pied."

Gérard  PIERRON