JACQUES LAMBOUR

17, rue Armstrong - 49800 - TRELAZE - 02 41 34 18 85

J'avais environ vingt ans quand j'ai entendu Gaston Couté, c'était sur France Inter; Yves Deniau interprétait avec beaucoup de talent "Le Christ en bois". On n'explique pas un coup de cœur, mais heureux est-on si on a la chance de pouvoir le partager.
Pour ma part, c'est quatre décennies plus tard, que la documentaliste du lycée professionnel ou je terminais ma carrière de prof technique, me proposa de lire dans le cadre de la semaine de la poésie; j'ai refusé de lire, mais lui ai proposé de "dire" du Couté. Après quoi, j'ai eu envie de continuer et me voilà apprenant, savourant les textes du poète.

Depuis avec mon chien, lorsque nous parcourons la vieille lande trélazéenne, tandis que "Bof" propose en vain aux lapins, peu courtois, de l'accompagner, je pars de mon côté à la rencontre de Gaston Couté...
Je n'ai pas la prétention d'affirmer que je le rencontre, mais ce dont je suis sûr, c'est qu'au détour d'un texte, après avoir trébuché vingt fois sur une expression, voir un seul mot, j'ai parfois le plaisir de retrouver la saveur, la force et aussi la gouaille sous laquelle, pudiquement, mes ancêtres du terroir dissimulaient leurs sentiments.

Tout en allant "dans la vieille lande ousque ça sent bon la lavande", braconnant les mots, je croise parfois un joggingneur décathlonisé, et j'éclabousse quelque peu au passage sa tenue fluo impeccable, d'étincelles abrasives arrachées aux textes de Gaston.
Il ne dit rien mais, plus loin tout en sautillant comme pour préserver ses pieds de la glaise nourricière, il se retourne sur notre passage et le regard empreint de charitable pitié, il semble reprendre pour mon compte : " C'est un gâs qu'a perdu l'esprit". (J. Lambour)


Jacques à JACOU  ou Gaston met cap au sud

JACOU : ( à 7 km de Montpellier) - Vendredi 21/04/2000 à 20h Espace Prévert -
Soirée- cabaret Gaston COUTE (1880 -1911)

"Y a d'quoué s'empli l' coeur"
dit et interprété par Jacques LAMBOUR,
accompagné par Jef NAMUR à l'accordéon
et présenté par Elisabeth PILLET
autour "d'un coup de rouge et d'un buffet campagnard"

Anne était présente à la soirée et nous raconte :
Il avait quand même réussi à réunir une bonne centaine de personnes, le Gaston, dans un Midi où le parler biauceron n'est guère familier à nos oreilles.
Il est passé pourtant comme lettre à la poste, grâce au charisme et à la présence de scène de Jacques Lambour : sur l'estrade ou dans les rangs du public, il s'adresse à tous et à chacun, roule une table en guise de charrette ou casse  un couteau en  plastique pour signifier que la pause casse-croûte est terminée ("Petit porcher /Assez mangé / Le maître charretier a fermé son coutiau") !
Feutre et pantalons noirs, grande chemise blanche, "et guère avec", le beau gars solognot a fait passer le rire, l'émotion,  la colère et fait goûter les délices de la langue de Couté en   offrant pas moins de 2O poèmes, un bon millier de vers, s'achevant  - Vendredi saint oblige !- sur " Le Christ en bois. "
Une découverte pour beaucoup, je crois, et visiblement appréciée.
Il faut ajouter que la rencontre avait été bien préparée par la bibliothèque municipale : un PC portable projetait sur un écran le site Gaston Couté (...) ; sur la table, quelques livres et disques, et sur un mur, des photos du festival de Roudon...
Y a vraiment eu "d'quoué s'empli l'coeur" !

Au programme ce soir-là, dans l'ordre :

Après vendanges
Les mangeux d'terre
L'aumône de la bonne fille
Au coin du bois
Les braconniers
Les gourgandines
Les p'tits chats
Le champ de naviots
Les tâches
L'odeur du fumier
Jour de lessive
Les draps sèchent sur le foin
Petit porcher
Le charretier
Complainte des ramasseux d'morts
Les conscrits
Le fondeur de canons
Alcide Piédallu
Les électeurs
Le Christ en bois


Le vendredi 15 octobre 1999, à Morannes, Jacques Lambour était au "Père Riou" et faisait revivre l'espace d'une soirée Gaston Couté, le poète des "peineux".
Ci-dessous, l'article d' Hélène CAIGNEUX, paru dans "Les Nouvelles de Sablé" la semaine suivante...
Vendredi,  le Cercle du Père Riou proposait une soirée dans l'univers de Gaston Couté, poète beauceron dit, ou plus exactement interprété par Jacques Lambour.
En effet, dire les textes de Gaston Couté, c'est jouer les comédies et les drames de la vie paysanne de la fin du 19ème siècle, c'est passer par les mots de l'ironie des miséreux au pathétique de leurs souffrances.

Et Jacques Lambour s'y emploie de la voix et du geste. Acteur passionné par son auteur, sa voix s'enfle du désespoir de la pauvreté, tremble des délires d'une vieille ou grince de la désillusion d'un miséreux entraînant les auditeurs dans le monde de Gaston Couté fils de meunier.
Ce grand poète né en 1880 s'est installé dans l'univers montmartrois tout à la fin du siècle. Resté dans l'ombre à cause de son engagement contre la guerre et la violence de ses textes, il est mort en 1911.
Ses poèmes, nés de l'observation de la campagne beauceronne, sont à la fois crus et empreints de sensualité, écrits avec un réalisme qui frise parfois la cruauté.
Quel avenir pour un miséreux? "Enfant d'peineuse, i's'rait peineux..." Alors, on se réfugie dans les chimères de l'ivrogne ou dans les rêves d'une gourgandine.
Tantôt fatalistes, mordants, désespérés, tantôt tendres et naïfs, souvent irrévérencieux,
les poèmes de la fin de siècle de Gaston Couté ne sont pas si éloignés de ceux de notre fin de siècle qu'à défaut de Chat Noir, on dit en musique sur des plateaux de télé.




Le document ci-joint a été retrouvé par le berlaud, ami de Jacques Lambour dans son grenier.

Mangé en partie par les souris, ce vieux cahier avait appartenu à un de ses oncles, élève au petit séminaire, et contenait bon nombre de chansons pas toujours pieuses, dont "Les Gourgandines".

... L'oncle n' a pas terminé son apprentissage...
   

 
A propos de Jacques Lambour...

T'avais la bougeotte à c' qu'on dit.
Tu la croquais, somm' tout, la vie ;
Tu n' voulais ni Bondieu, ni maît'
Et tu n'en fesais qu'à ta tête !

T'as toujoûs eu d' la dévotion .
Pour ceuz qui voulaient d' la justice
Et t'as été syndicaliss
Mais aussi memb' d'associations
Pour qu' la culture des petit's gens
E' soye connue loin à la ronde.

Irène (extrait)