MONIQUE MORELLI


Gérard Pierron,
l'un de ceux qui ont ressuscité Couté dans les années 70-80, reconnaît que personne   ne l'avait encouragé à faire du Couté ! Tout le monde le prenait pour un fou...

Personne, sauf une dame : Monique Morelli !
C'est elle qui a accueilli Gérard Pierron à ses débuts parisiens... C'est elle qui lui a permis de débuter dans son cabaret.

Monique Morelli a chanté les poètes... et, bien sûr, elle a chanté Couté.

 

 

 

 

Morelli avec cette voix profonde qui sentait la cigarette, le pinard...qui n'avait besoin de rien d'autre que l'accordéon magique de Lino Léonardi pour nous balancer les chansons de poètes qu'elle aimait : Couté bien sûr, mais aussi Villon, Ronsard, Katia Granoff, Aragon (Ah...Entre pleurer et rire ! ) et bien sûr Mac Orlan, dont elle est pour moi la plus grande interprète avec Germaine Montéro, parce que la voix de Monique confine au mythe des chanteuses à voix de rogomme dans les ports du bout du monde !

Et dans son cabaret, où elle chantait tous les soirs - ou presque, je ne me souviens plus -,  beaucoup d'amis ont chanté, dont Colette Magny. De plus, Monique a fait longtemps partie des soirées Jam-Sessions organisées par Luc Bérimont, qui restent parmi mes plus beaux souvenirs... Mais c'est loin tout ça ! Les jam-sessions réunissaient sur scène Marc Ogeret, Hélène Martin, James Ollivier, Jacques Doyen et au gré des soirées et des disponibilités Francesca Solleville, Anne Sylvestre, etc... 

Monique un choix de chansons de poètes principalement et non des moindres, déjà mis en musique et chantés par d'autres interprètes ou mis en musique par son compagnon et accompagnateur Lino Léonardi (Maintenant que la jeunesse, etc...), une voix profonde, venue du vécu, d'une vie bien remplie et d'une femme qui n'avait pas oublié de fumer et de tâter du gros rouge, une présence telle, dans sa robe blanche barrée d'une large écharpe rouge, qu'il n'était nul besoin d'orchestre tonitruant, d'éclairages au laser, de fumées qui mettent la salle dans le brouillard pour qu'elle s'impose...

Lino à l'accordéon, Monique chante, ouvre les bras et le voyage commence...
T'emportant dans ces ports du bout du monde sortis de l'imagination de Mac Orlan,
Tu côtoies putes et marins...
Tu craches tes poumons en fumant Du Gris...
Tu prends un sacré coup de vieux en voyant ta jeunesse qui se cavale au trot…
Tu tiens dans tes mains Les Mains d'Elsa…
Tu ripailles avec Villon…
Tu es amoureux comme Ronsard…
Tu laves ta lessive le jour qu'il faut...
Tu es presque séduit par Gilles de Ray…
Tu te replonges dans Carco....
Plus jamais tu n'oublies Nelly de Recouvrance, ni Marie-Dominique et…
Tu te dis, avec elle, que "ça n'a pas d'importance"…
Et que peut-être un jour tu rencontreras Jean de la Providence de Dieu !
Nicole Nèves – Bruxelles – février 2003)